28 juillet 2014

Newsletter #4 Tanta à San Vicente de Canete!

Clic photo pour album
Au départ de Tanta où nous nous sommes reposés 2 jours, nous pensions que le pire était derrière nous. Eh! bien! non! Le pire nous attendait! Nous avons mis 2 jours à franchir les pauvres petits 34 km qui séparent Tanta de Vilca!

Laissez-moi vous raconter. Le début se passe plutôt bien car la route longe la Laguna de Paucarcocha et le gravier y est semblable à ce qu’on peut voir au Québec. La respiration va un peu mieux, alors le plaisir est au rendez-vous d’autant plus que le paysage reste superbe.

Puis, arrive une intersection. Nous avons le choix de faire 50 km de plus avec 2 passes en haute altitude à franchir, où suivre la route suggérée par les Pikes, sur 34 km. Nous choisissons le trajet le plus court évidemment, histoire d’éviter l’altitude autant que possible. Mais qui choisit prend pire, n’est-ce pas? Dans notre cas, ça sera vraiment le pire des choix! 


Je vous explique. Le hic, c’est que cette « route » se termine à un certain point et
Clic photo pour album
devient un sentier sur les derniers 7 km, mais Harriet et Neil mentionnent seulement 2 km où il faut pousser les vélos…???? Si votre vélo a des ailes, oui, mais nos gros Surly chargés, ça ne passe pas!
Pour nous, ça sera 6.5 km de « poussage » de vélos et 2 séances de portage de bagages et de vélos sur un étroit sentier à flanc de falaise vertigineuse. 

Denise raconte: 
« Pour la première fois du voyage, j’ai vraiment eu peur! Quand je vois ce petit sentier de la largeur de 2 bottes de randonnée, surplombant une rivière à plus de 100 mètres, je panique! Je ne me vois pas pousser mon vélo chargé sur ce petit chemin accidenté où le moindre faux pas nous ferait basculer dans la rivière en bas. Charles va faire la reconnaissance du trajet et je vois une roche dégringoler jusqu’en bas, longtemps, longtemps…Ayayaye! J’imagine mon vélo et moi qui prennent le bord comme ça!!! »

Il faut trouver une solution! Revenir sur nos pas implique qu’il faudra remonter des pentes rocheuses, donc pousser encore et encore les vélos! Finalement, quand Charles calcule que nous avons à peu près 400 mètres à franchir pour retrouver un sentier praticable, nous décidons de décharger les vélos et de tout transporter en plusieurs voyages. Ça nous prendra 3 aller-retour! Épuisant, mais plus sécuritaire. 

Clic photo pour album
Nous continuons tant bien que mal, mais comme on pousse plus souvent qu’on pédale, ça n’avance pas vite et il est près de 16 hres quand nous arrivons au niveau de la rivière Canete, à seulement 3 km de Vilca. Nous sommes épuisés et nous voyons que le sentier remonte dans la montagne un peu plus loin. De plus, nous devons franchir une zone de marécages où nous nous enfonçons dans une gadoue gluante, pleine de fumier du bétail qu’on voit un peu partout le long de cette rivière. Dégueulasse! Disons qu’aujourd’hui, nous avons utilisé tous les jurons possibles, en québécois, en français, en anglais et si nous en avions su plus en espagnol, nous les aurions ajouté!!!

Nous décidons finalement de monter le camp près d’un des enclos à vaches en
Clic photo pour album
murets de roches (toilettes pas loin, n’est-ce pas? Voir Newsletter #3).  Nous sommes tout près d’une petite cascade sur la rivière. Heureusement que nous avons un filtre et un Steripen pour bien stériliser l’eau car ça semble un endroit privilégié pour les bêtes qui s’abreuvent à la rivière. Dès que le soleil descend derrière les montagnes, la température chute. Encore une petite nuit fraiche devant nous…

Le lendemain, pour ajouter à nos malheurs, notre poêle peine à s’allumer et comme tout ce qui nous reste comme provisions, c’est un peu de gruau Charles fait l’impossible pour que nous ayons un maigre déjeuner chaud! Nous aurons besoin de toute l’énergie possible pour la suite.

Nous espérions bien rejoindre Vilca rapidement mais sur les derniers 3 km, nous avons encore droit à une séance de portage sur le sentier rocheux à flanc de falaise qui monte quasiment comme un escalier. On commence à inventer de nouveaux jurons!!! Il faut régulièrement se mettre à 2 pour pousser chacun des vélos dans les sections trop abruptes! « Ça se peux-tu se mettre dans la misère de même! » dirait ma mère! Nous arrivons finalement à Vilca vers 12h45, épuisés, et avouons-le, découragés. Oui, les paysages sont sublimes mais ce trajet nous coûte très cher en énergie et en temps…Nous avons atteint un point de trop c’est trop, comme on dit!

Clic photo pour album
Quand nous apercevons un petit minibus collectivo, sur la place, Charles décide de lui demander où il va et s’il peut nous prendre. Il part justement à 13h30, pour Huancaya, à 15 km de là. Parfait! C’était la destination prévue pour la journée. Pour 20 soles ($7), on embarque les 2 vélos sur le toit et on empile les sacoches sur un banc. Dix autres passagers montent à bord avec nous et en route pour Huancaya! Nous échangeons un regard craintif quand on voit le chauffeur pousser son bus pour faire démarrer le moteur et quand on entend la transmission grincer, les freins claquer…avons-nous pris une bonne décision??? Le vieux tacot monte laborieusement les interminables côtes et toute la carrosserie craque et gémit. La route caillouteuse ne laisse aucun répit et nous sommes brassés de tout bord, tout côté. Ça nous fait un p’tit pincement au coeur de constater la beauté du paysage qu’on manque mais en même temps, nos jambes apprécient le répit.

Pendant le trajet, un des touristes fait la conversation à Charles. C’est un Limenos en
Clic photo pour album
visite ici avec sa famille. Très sympathique, il nous invite à venir chez lui quand nous reviendrons au Pérou dans 1 an. Arrivés à Huancaya, nous décidons de loger au même petit hôtel que lui, et d’y rester 2 jours pour récupérer. Il nous faut absolument revoir notre itinéraire car nous sentons avoir atteint un point où le plaisir s’amenuise. Il est temps de changer le plan!

Mais voilà qu’une autre contrariété s’ajoute! Au moment d’aller souper, nous constatons soudainement que notre réserve d’argent comptant est presqu’à sec! En effet, comme il est impossible de payer quoi que ce soit autrement qu’en argent (même les hôtels), ça part vite! De plus, pas moyen de trouver une banque, encore moins un guichet automatique. Il nous reste à peine de quoi souper et peut-être un frugal déjeuner, mais aucune provision pour la route car tout est à sec! Qu’allons-
Clic photo pour album
nous faire? 

Nous regrettons avoir payé pour 2 nuits ici, nous n’aurons même pas d’argent pour manger!!! Nous expliquons notre problème à notre nouvel ami. Il nous emmène voir la gérante de l’hôtel et ensemble, ils élaborent un plan. Liliana, la gérante accepte de nous rembourse nos 2 nuits d’hôtel pour que nous ayons de l’argent pour manger, et pour payer le transport jusqu’à San Vicente de Canete sur la côte, où nous pourrons retirer de l’argent et lui rembourser la nuit passée à l’hôtel. Compliqué n’est-ce pas? Mais c’est la seule solution envisageable pour le moment et nous sommes tellement fatigués par nos aventures en montagne que l’idée de rouler en bus ne nous déplait pas trop.

Clic photo pour album

Le lendemain, Liliana a donc organisé notre transport jusqu’à Canete. Nous prenons
d’abord un premier minibus (le même vieux tacot que la veille!) qui nous amène jusqu’à Magdalena où nous transférons les vélos et les bagages sur un autre collectivo, en meilleur état, celui-là! Nos bécanes y goûtent, car la manutention est tout sauf délicate! Après plusieurs kilomètres, le bus arrive finalement sur une route asphaltée très étroite, qui descend jusqu’à la côte en une série de courbes toutes plus accentuées les unes que les autres.  Le chauffeur se sert du klaxon à chaque tournant pour prévenir les véhicules arrivant en sens inverse. Il évite 2 collisions frontales de justesse, tasse quelques pauvres piétons imprudents ici et là, sauve une poule d’une mort certaine par un arrêt brusque et esquive l’attaque de 2 chiens hargneux. Pour empêcher les conducteurs d’aller trop vite, on a eu la bonne idée d’installer des dos d’âne un peu partout, avec pour résultat que le véhicule tangue à tout bout de champ, si bien qu’une des passagères se met à vomir!  En plus, les fenêtres ouvertes nous permettent de respirer à plein poumons la poussière et les gazs d’échappement (pas d’anti-pollution ici!). Ah! si nous n’étions pas si fatigués, pédaler serait bien plus agréable! D’autant plus que le paysage est absolument à couper le souffle. Mais nous n’avons pas le choix pour le moment, il faut prendre le temps de régler les imprévus, et surtout, refaire nos forces pour la suite.

Arrivés à San Vicente, une petite ville bruyante et animée, nous réglons les problèmes d’argent non sans avoir dû faire la ligne 45 minutes dans une banque pour réaliser que notre carte ne fonctionne pas à ce guichet!!! Grrrr! Heureusement, nous trouvons un autre endroit sans file d’attente et ça fonctionne enfin! Quand je vous dis qu’ici, la vie quotidienne n’est pas de tout repos! Nous nous installons finalement pour 3 nuits dans un hôtel que je dirais luxueux selon les standards péruviens: eau chaude (pour vrai!) et wi-fi!!! 
Clic photo pour album

Heureusement, car pour couronner le tout, Charles éprouve de petits problèmes gastro-intestinaux!!! Ah! les aléas des voyages! Nous y avions échappé jusqu’à maintenant, mais il faut croire que l’expérience n’aurait pas été complète sans ce petit désagrément. On étirera donc notre séjour ici le temps que tout rentre dans l’ordre.

Nous sommes un peu perplexes face à ces contretemps qui nous ramène quasiment au point de départ car San Vicente n’est qu’à 150 km au sud de Lima. Nous qui sommes habitués d’avaler kilomètre après kilomètre, notre maigre progression nous fait nous questionner. Mais il faut se rendre à l’évidence, pédaler au Pérou c’est bien différent que pédaler au Canada ou aux États-Unis. Il faut aussi éviter de se comparer aux autres cyclistes ayant fait le même parcours.  Chaque voyage est différent et nous devons accepter de vivre le nôtre à notre rythme et selon nos capacités. Même si les dernières semaines ont été difficiles, nous avons vécu des expériences uniques, fait des rencontres enrichissantes et vu des panoramas grandioses. N’était-ce pas là notre premier objectif? "L'important arrive non pas au terme de la route, mais bien avant, pendant le trajet lui-même."
(M. Pavic)
Nous revoyons donc notre itinéraire et dès que la santé sera revenue à 100%, nous reprendrons la route en suivant plus ou moins la côte jusqu’à Nasca, un trajet relativement plat qui devrait nous aider à remettre les jambes en forme. Puis recommencera la longue montée dans les Andes en direction d’Abancay et ultimement de Cusco. Cette lente progression permettra une acclimatation progressive à l’altitude, du moins nous l’espérons. 

"Un voyage de 1 000 km commence toujours par un pas."(Lao Tseu)

À suivre…



3 commentaires:

  1. Aie,aie, aie... catastrophe...

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour a vous deux,
    je reviens d'un bon weekend en cyclo-tourisme avec mon epouse et nous avons rencontre un jeune Suisse qui revenait de l'Amerique du Sud en velo.

    Il confirme ce que vous avez decouvert; les routes au Perou ne sont pas tres bonnes. Il a cependant adore son voyage et plus precisement, la Bolivie.

    Continuez!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Disons qu'on ne peut généraliser à partir de notre expérience! La route que nous décrivons en est une de montagne en région très reculée! Nous avons aussi roulé entre Lima et Nasca et la route était très acceptable. Par contre, les paysages n'étaient pas aussi beau qu'en haute montagne...comme quoi, on peut pas tout avoir!

      Supprimer