17 juin 2015

Newsletter #27 - Cusco à Ayacucho

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Quitter Cusco, c’est quitter un Pérou totalement ouvert aux touristes, avec tous les avantages et inconvénients se rattachant au fait que d’innombrables visiteurs étrangers envahissent certains des endroits les plus photogéniques du pays. Comme nord-américain, on s’y sent moins dépaysé, tout y est plus facile…si on a un bon budget évidemment. L’effet pervers de cette affluence, c’est la perte d’authenticité, la mise en scène constante pour le touriste. On a parfois l’impression que nous sommes des portefeuilles sur pattes sans limite de crédit!

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Quand nous reprenons la route vers Abancay, force est de constater que nous entrons maintenant dans un Pérou plus ‘vrai’, un Pérou profond, pourrait-on dire…Peu de touristes fréquentent ces terres hautes, au coeur des Andes. Nous y sommes confrontés pour la première fois à ce que nous appelons la ‘gringoguite’ aigüe! En effet, surtout après Abancay, en direction d’Ayacucho, nous entendons de plus en plus souvent le mot ‘gringo’ crié à notre passage. Ce terme péjoratif pour désigner l’étranger nous écorche plus ou moins les oreilles…surtout quand il est lancé d’un ton méprisant. Hum! tu parles d’un accueil pour les visiteurs que nous sommes.

L’origine de ce terme est plutôt flou. Vieux préjugé datant de l’époque coloniale, plus ou moins entretenu par un fort courant anti-impérialisme américain alimenté par l’attitude gourmande de certaines grandes compagnies minières, cette manie de traiter tout étranger de ‘gringo’ semble entrée dans les moeurs de plusieurs Péruviens, surtout dans les campagnes et les petites villes. Évidemment, tout est dans le ton et le contexte…

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À l’opposé, et heureusement la plupart du temps, les gens nous saluent joyeusement de Hòla! chaleureux et viennent nous questionner sur notre périple. Nous faisons chaque fois l’effort de parler espagnol, même si ici dans cette région, beaucoup de gens plus âgés parlent surtout le ‘quechua’. Quand nous posons des questions sur le mode de vie et sur l’agriculture, les locaux se font un plaisir de nous expliquer les différentes cultures du coin et nous offrent généreusement fruits et légumes à goûter.

Le Pérou, terre de contrastes: complètement ouvert aux visiteurs dans certaines régions et plus ou moins refermé sur lui-même dans les coins les plus reculés. 

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Sur le plan physique, le Pérou, pour nous, c’est aussi le pays le plus difficile que nous ayons pédalé jusqu’à maintenant. Après avoir expérimenté d’horribles routes de ‘ripio’, nous avons maintenant le goût de filer sur du bitume autant que faire se peut. Heureusement pour nous, l’asphaltage de la route entre Abancay et Ayacucho a été complété l’année dernière ce qui nous a facilité un peu la tâche, je dis bien un peu, car tout le trajet entre Cusco et Ayacucho n’est quand même pas une sinécure!

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Résumons en quelques chiffres ce que cela représente: nous avons gravi plus de 10,187 mètres de dénivelé, en 600km. Nous sommes passé 4 fois de moins de 2,000 mètres à plus de 4,000 mètres, frôlant les nuages, passant par dessus de temps en temps, et nous y perdant même à l’occasion. Montée ardue d’une journée sur plus de 35 km de route en lacets, pour redescendre le tout en moins d’une heure, et, hop! ça nous prend toute la journée du lendemain pour remonter encore une fois. Ça vous endurcit le mollet pas à peu près! Et que dire du moral qui doit rester d’acier face au défi. Nous avons des journées plus difficiles évidemment, mais dans l’ensemble, nous sommes surpris de l’endurance que nous développons peu à peu. Après les Andes, y aura-t-il des côtes qui nous feront peur? Bon…restons humbles car il nous reste quand même au moins 50,000 mètres de dénivelé à franchir jusqu’à l’Équateur…

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Ah! oui! autre élément de fierté pour nous: il y a quelques jours, nous avons franchi la barre des 13,000 kilomètres depuis le début du voyage!

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Si nous nous sentons plus forts, nos bécanes elles, commencent à ressentir les contrecoups de tout ce qu’on leur a fait subir ces derniers mois. Outre l’entretien habituel comme les changements de plaquettes de freins et de chaines, nous devons remplacer quelques pièces usées ici et là, entre autres, une roulette du tenseur de chaine sur le vélo de Denise qui vient de se briser. Comble de chance si on peut dire, le bris survient à Ayacucho et une boutique de vélo rudimentaire a pu nous dépanner en démontant un dérailleur ‘cheap’ pour nous vendre les 2 petites roulettes pour 8 soles! ($3) (Ça nous en fait une de réserve!) C’est un petit miracle compte tenu de la rareté et surtout du peu de qualité des ateliers de réparation de bicyclettes ici au Pérou. Prions pour que nos montures tiennent le coup jusqu’à ce que nous arrivions dans un pays où la culture vélo est plus active…

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Outre le défi physique qu’il représente, ce trajet en dents de scie qui nous a fait passer de basse à haute altitude constamment, nous a amené à traverser une diversité de paysages incroyables. Plus bas, la végétation est luxuriante, quasi tropicale, avec moustiques voraces en prime, alors que sur les hauts plateaux, tout est plus aride et les températures y frôlent le zéro. Quant aux zones intermédiaires, on y aperçoit une variété de cultures impressionnantes: maïs, blé, quinoa et pommes de terre entre autres. L’agriculture est d’ailleurs la principale ressource économique de ce coin du Pérou.

Ce parcours en montagnes russes nous a aussi fait expérimenter des extrêmes côté hébergement. Nous avons campé près du rio Apurimac en basse altitude, nous faisant dévorer tout ronds par de petits moustiques tenaces et à l’opposé, nous avons fait bivouac à plus de 4,000 mètres sous un froid de canard à plus ou moins zéro. Maigre compensation: aucun moustique à cette hauteur! Il y aussi cette fois où nous nous sommes réveillés dans une brume épaisse, tout mouillés, dans un froid mordant, avec l’impression de flotter sur les nuages…

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Chaque fois que l’occasion se présentait, nous sommes arrêtés dans des villages, cherchant un ‘hostal’ quelconque histoire de nous mettre à l’abri du froid ou des moustiques. Mais là aussi, nous avons vu de tout. À Kishuara, par exemple, on nous a offert une petite ‘chambre’ sans fenêtre au sol de ciment, avec un lit bancal juste à côté de l’enclos des ‘cuy’  qui couinaient, avec pour toilette, un coin dans la cour avec un simple trou dans le ciment…vous dire l’odeur que ça dégageait! Non! nous ne sommes pas restés, nous avons opté pour le seul autre ‘hostal’, lui aussi très rudimentaire mais au moins un peu plus propre. Évidemment qui dit hôtel au Pérou, dit aussi niveau de bruit très élevé, alors les bouchons pour les oreilles sont un ‘must’! 

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Mais soyons francs, nous ne sommes pas toujours dans la misère, tout de même. Dans les villes un peu plus grosses, nous nous permettons des petit hôtels 3 étoiles dont certains nous surprennent agréablement par leur niveau de confort, et ce, à très petits prix pour nous. Il faut tout de même se faire plaisir de temps en temps, et il est amusant de constater à quel point prendre une VRAIE douche chaude peut devenir jouissif après quelques jours à camper au froid…

Nous sommes donc à présent installés à Ayacucho dans un petit hôtel sympathique. Nous y restons quelques jours pour laisser les muscles se détendre et réparer les vélos, histoire d’affronter de nouveau quelques bonnes montées andines sur la route vers le nord du pays. 




À suivre…

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6 commentaires:

  1. Intéressant cette rétrospective après avoir pris un peu de recul! Bravo!
    J'ai fait ma première soprtie avec mon Surly autour du Lac St-jean en 3 jours. J'ai adoré et ce n'est qu'un début! Merci pour vos conseils et continuez de vous amuser!

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    1. Bonjour mon ami!
      Merveilleux! Le Lac Saint-Jean, c'est une belle randonnée! J'espère que ton vélo va te donner satisfaction et qu'il te portera sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres à la découverte de nouveaux horizons!
      Profites en bien! C'est l'été et ça dure pas longtemps au Québec!
      Charles et Denise

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    2. Salut Pierre,
      J'ai remarqué que tu utilisais Tripline pour ton itinéraire. Comment ça marche et quel type de GPS utilises-tu?
      Peux-tu télécharger ton GPS sur Tripline?
      Comment ça marche?

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    3. Bonjour,
      TripLine et TrackMyTour sont des Apps qui ont été développées pour Apple. Tu as besoin d'un Iphone ou d'un Ipod Touch pour les utiliser. L'application de TrackMyTour n'est plus supportée techniquement. Dommage, car elle était bonne et facile à utiliser. Je suis en train de migrer vers TripLine. Ces apps n'utilisent pas de GPS.

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  2. Salut les amis !
    Ça nous rappelle de bons moments. L'Amérique du sud nous semble tellement loin dans notre mémoire maintenant.On admire toujours votre persévérance et votre endurance !
    Nous sommes maintenant en Bretagne presque à la maison ! Arrivée prévue samedi. Nous somme hébergé par une famille de warmshowers qui partent en juillet sur les routes du monde avec leur trois enfants.

    Au plaisir de vous lire prochainement depuis notre canapé !

    Jérôme, Delphine et les enfants

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    1. Bonjour à tous!
      On a vu la photo de votre retour à la maison. C'était une chouette réception! De notre côté, nous continuons à enfiler les cols Andins et progressons tranquillement vers le nord du Pérou. Profitez bien de votre retour à la maison.
      Un petit Skype bientôt si ça vous dit!

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