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Les jambes en forme après notre séjour d’une semaine à Yanque, nous nous lançons de nouveau à l’assaut des Andes, tout pimpants, prêts à tout! Mais disons que la réalité nous a vite rattrapé…La sortie de Yanque est laborieuse, car ça grimpe fort jusqu’à Chivay, à peine 10 kilomètres plus loin. Puis une autre pente crève-coeur nous attend à la sortie de ce petit village, avant que finalement, nous prenions quelque peu notre erre-d’aller. Façon de parler évidemment car à presque 4000 mètres, les effets de l’altitude recommencent à nous jouer des tours. S’ajoute aussi le froid, de plus en plus intense à cette altitude, même si nous roulons sous un soleil radieux ce premier jour.
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Nous parvenons à Callalli fin d’après-midi et c’est décidé, nous logerons en ‘hospedaje’ ce soir. Mais pas facile d’en trouver un dans ce petit bled perdu, tout semble y être fermé, et ce qui reste ouvert ne paye pas de mine. Nous dénichons finalement un endroit pas trop mal pour un gros $9.54, mais force est de constater que les maisons ici, ne sont pas conçues pour affronter la froidure, au contraire. Bâties en ciment, sans aucune isolation, elles ont plutôt tendance à conserver le froid et l’humidité. Pour compenser, on ajoute une épaisseur incroyable de couvertures sur le lit, mais nous préférons nos duvets, très efficaces pour bloquer le froid et surtout plus légers. Toilettes et douche sont dans la cour, ouvertes à tout vent. Comme l’eau est plutôt tiède froide que chaude, nous n’avons pas le courage de nous imposer cette souffrance supplémentaire: les petites lingettes humides feront l’affaire pour ce soir…Le proprio nous salue en soirée car il s’en va passer la nuit en montagne avec son troupeau de lamas et d’alpagas…Bon…et nous qui nous plaignons du froid…Cet homme mène une vie autrement plus dure…
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Jusqu’ici, la route était asphaltée, mais maintenant, nous voilà sur une route de gravier, ma foi, en très bon état! On nous explique que ce sont les compagnies minières qui assurent l’entretien de ce tronçon car nous nous trouvons au coeur d’une région de mines. Qui dit mines, dit camions qui transportent le minerai, donc nous ne sommes pas seuls sur la route. Des convois d’énormes camions nous croisent ou nous doublent, nous noyant d’un nuage de poussière à chaque fois. Heureusement, le chemin est large et les chauffeurs restent relativement prudents.
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Par contre, les gradients des pentes nous coupent le souffle, dans tous les sens du mot, surtout qu’on dépasse maintenant les 4000 mètres et jumelés aux effets de l’altitude encore une fois, ça donne une journée de travail intense. Si bien que rendus à 4710 mètres, Denise démissionne, même s’il ne reste que 200 mètres de dénivelé avant le ‘sommet’…Charles qui l’attendait tout en jasant avec Felipe, un ‘campesino’, est bien d’accord pour terminer la journée ici, surtout que ce fermier nous offre de camper près de sa maison. En fait, nous finirons dans l’enclos à alpagas car c’est le seul terrain relativement plat de la ferme!
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Felipe et son épouse, Luz, sont d’une gentillesse désarmante et ils nous installent sur un banc couvert de peaux d’alpagas, au soleil, le temps que nous nous reposions un peu, avant de dresser la tente. Luz m’offre aussi un mélange d’herbes macérées dans l’alcool que je dois inhaler pour contrer quelque peu les effets du ‘soroche’, surtout le terrible mal de tête! Ça finira par fonctionner, heureusement, du moins pour le mal de tête.
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Au matin, pendant que nous préparons notre petit déjeuner, nous apercevons tout autour, l’immense troupeau d’alpagas et de lamas de Felipe. Il possède 500 bêtes! Il nous faut maintenant quitter l’enclos pour y laisser entrer les animaux afin de les compter. Luz nous explique qu’ils procèdent ainsi au décompte chaque mois. Elle nous dit que les alpagas sont des bêtes attachantes, très douces, qui font d’excellents animaux de compagnie; juste à voir leur mine curieuse et leur bouille sympathique, facile à imaginer.
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Nous terminons ensuite la passe tant bien que mal, puis après une descente, nous entreprenons une autre montée! Est-ce la fatigue accumulée ou l’altitude…ou un peu des deux? Denise trouve la journée ardue, et force est de constater qu’en après-midi, il faudra de nouveau camper en hauteur, c’est donc à plus de 4500 mètres que nous établissons notre camp, espérant qu’il ne fasse pas trop froid, car jusqu’à maintenant, le mercure descend sous zéro chaque nuit. Le matin, il y a des glaçons dans nos bouteilles d’eau!
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Comme si ce n’était pas déjà assez difficile, voilà que le ciel reste couvert en matinée et qu’un vent de face cinglant vient nous donner du fil à retordre vers midi. On a beau trouver les paysages superbes, parfois, nous nous questionnons sur notre santé mentale! Que faisons-nous ici, dans cette galère??? Pourtant, nous finissons toujours par trouver le courage de continuer, envers et contre tout. Qu’est-ce qui nous anime, direz-vous? Le goût de se dépasser, la soif de découvertes…ou tout simplement, l’impression de vivre quelque chose d’unique ce qui nous pousse à aller au bout de nos limites. Bien sûr, les multiples encouragements que nous recevons viennent aussi nous redonner la p’tite dose de courage qui remet de l’énergie dans le coup de pédale!
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Ce soir-là, parvenus à un tout petit village de quelques maisons, nous hésitons à poursuivre la route, surtout que de gros nuages menaçants semblent prêts à éclater. Nous demandons à la propriétaire de la petite ‘tienda’ où nous pourrions nous loger pour la nuit, mais il n’y a aucun hébergement ici. Après quelques minutes, elle nous emmène dans la cour arrière de son magasin et nous dit que nous pouvons y camper à l’abri du vent. C’est mieux que rien, du moins nous ne serons pas complètement isolés en cas de pépins…Les cieux nous épargneront finalement et ce n’est que la circulation des camions qui viendra troubler le calme de la nuit, vers 4 heures du matin. Le coq, lui, sera raisonnable et ne s’en mêlera que vers 6 heures.
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Le ciel reste maussade quand nous reprenons la route, espérant atteindre Espinar, une ville un peu plus importante où nous comptons récupérer quelques jours. Tout le monde nous parle de ‘pura bajada’ (pure descente!) qui nous attend, après une dernière montée d’une dizaine de kilomètres. C’est donc plein d’espoir d’une journée facile que nous nous lançons. Mais, encore une fois, l’évaluation que font les Péruviens de leurs routes se révèlent tout à fait différente de la réalité pour des cyclistes! La fameuse ‘pura bajada’ s’avère entrecoupée de bonnes montées, d’autant plus, que faute d’internet adéquat, Charles n’a pas pu compléter l’évaluation des dénivelés et nous avons pris le mauvais tronçon de route, lire le plus difficile!
Décidément, encore une fois, les dieux s’acharnent contre nous car Éole s’en mêle et pour compléter le scénario catastrophe, quelques gouttes de pluie laissent présager le pire! Denise grogne, Charles tempête, si bien qu’au moins un des dieux a pitié de nous et les nuages s’éclaircissent, mais Éole, lui persiste à nous faire travailler fort, si bien que le dernier faux plat descendant nous demande quand même nos dernières réserves d’énergie. Quand nous apercevons enfin Espinar, la petite ville nous apparait comme une oasis dans le désert! Nous y trouvons un hôtel 3 étoiles…ce qui ne veut pas dire grand-chose, sauf qu’on y a une chaufferette!!! Vous dire le plaisir de se blottir contre cette source de chaleur…
Le lendemain, il est clair que nous avons besoin de repos. Les derniers jours ont été particulièrement éprouvants pour nous, surtout pour Denise qui souffrent de maux de tête intenses et qui ressent des palpitations cardiaques dès que l’effort devient trop ardu. Même Charles se sent fatigué, juste à monter un escalier! Notre moral est durement mis à l’épreuve. Avons-nous poussé nos limites trop loin? Comme l’hôtel est confortable, nous décidons d’y rester au moins 3 jours, le temps de recharger nos batteries. Cela nous laissera du temps pour nous acclimater un peu mieux, nous l’espérons.
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Sage décision, car quand nous repartons, la forme revient peu à peu, même si nous devons encore franchir une passe à 4308 mètres. Le souffle est meilleur, les jambes plus fortes. Seul les maux de tête continuent à accabler Denise. Malheureusement, le paracétamol, équivalent de l’acétaminophène ici, ne fonctionne pas pour la soulager. Espérons que le retour à des altitudes plus basse réglera tout ça…Une longue descente vers Sicuani nous amène à 3500 mètres d’altitude. Mais ce n’est que le dernier jour avant d’arriver à Cusco que Denise sent enfin les forces lui revenir complètement, pas de mal de tête, des jambes en feu, si bien que la longue montée en ville s’effectue à un rythme soutenu. Nous arrivons donc à ‘l’hostal’ La Estrellita en début d’après-midi! Comme nous avions pris la peine de réserver, la meilleure chambre nous attend, en fait, la même où nous avons séjourné l’an dernier! Nous rencontrons tout de suite d’autres cyclistes: un couple de Néo-Zélandais du même âge que nous et ils vont dans la même direction mais repartent dès le lendemain. Peut-être les retrouverons nous quelque part sur la route…
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Il y a aussi une petite famille de Français de Nouvelle-Calédonie qui descend vers le sud. Et Gary, un Anglais qui arrive de Ushuaia. Puis un couple de Suisses en tandem et une jeune Indonésienne avec son copain. Décidément, cette petite auberge est un lieu de rencontre idéal pour les cyclovoyageurs et nous passons de longues matinées et soirées à échanger sur nos péripéties diverses. Rassurant de voir que nous ne sommes pas les seuls fous à se lancer dans de telles aventures, n’est-ce pas?
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Au programme pour les prochains jours: du repos, du repos et du repos! Et bien sûr, quelques visites qu’on n’avait pas pris le temps de faire l’an dernier, comme les terrasses de cultures de Moray qui servaient de laboratoire expérimental aux agriculteurs Incas. Puis nous avons visité Las Salinas où on fait encore la récolte du sel dans des bassins accrochés au flanc de la montagne. Impressionnant!
Nous attendent ensuite de nombreux défis: en effet, le trajet prendra maintenant des allures de montagnes russes, passant régulièrement entre 2000 et 4000 mètres d’altitude et ce jusqu’à Huaraz, au nord de Lima. Mais les cyclistes rencontrés nous assurent que les routes sont en bonne condition. Nous aurons aussi à affronter des températures encore assez froides. Cependant, nous espérons que notre acclimatation sera complétée et que la forme sera au rendez-vous.
À suivre….
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