7 juillet 2015

Newsletter #28 Ayacucho à Huaraz

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Il s’en est passé des choses depuis notre départ d’Ayacucho le 19 juin! D’abord, nous avons célébré notre première année sur la route et nous avons franchi les 14,000 kilomètres au compteur. Puis, Charles a frôlé la mort un peu avant Cerro de Pasco et nous avons été pris dans une tempête de neige à plus de 4,700 mètres d’altitude dans le parc Huascaran! Rien que ça!




Je vous raconte:
Ayacucho s’est révélée une étape bien agréable et nous y avons refait le plein d’énergie grâce aux excellents restaurants qu’on y trouve. Des cyclistes que nous avons rencontrés nous assurent que la suite du trajet est un peu plus facile…Ça reste à voir!

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Jusqu’à Mayoc, tout va bien. Nous y passons la nuit dans un petit ‘hostal’ plus que rudimentaire (pas d’eau courante jusqu’à 7 heures du matin, donc pas d’eau chaude évidemment!). Le lendemain, nous atteignons la route qui longe le rio Mantaro sur plus ou moins 244 km. Le chemin serpente à flanc de falaises en une succession constante de petites montées raides. Nous trouvons quasiment cela plus difficile que les longues ascensions où on peut trouver son rythme. Mais quel bel environnement! Trouver un petit coin bivouac est facile le premier soir, juste au bord du rio…Pendant notre souper, nous avons la visite d’un groupe de jeunes, curieux de savoir qui nous sommes…Fait à noter, une partie du groupe craignait de nous approcher, pensant que nous pouvions être dangereux! Ils repartent ravis, après avoir pris chacun leur tour, des photos de nous avec leur cellulaire. 

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Jusqu’à maintenant, il y a peu de circulation sur cette route et c’est le bonheur pour des cyclistes. Tout change après Izcuchaca où l’intersection avec la route de Huancavelica ajoute son flot de camions et d’autobus sur ce qui devient la Carretera Central. Il y a bien un étroit accotement, heureusement, mais on est loin de l’impression d’être seul au monde. Dès la sortie de Jauja, la montée devient plus corsée, si bien qu’arrivés à 3,685 mètres, nous rendons les armes. Le reste de l’ascension attendra à demain. Le bivouac installé derrière un bâtiment servant de centre de santé sera calme mais mon Dieu qu’il fait froid à cette altitude la nuit! Le lendemain, il y  du frimas partout sur la tente et les duvets sont trempés. Dur réveil…

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Nous parvenons tout de même à terminer la montée en avant-midi avant de redescendre jusqu’à Tarma où nous ne prévoyons pas nous attarder car une autre longue remontée nous attend. C’était sans compter sur l’effet de fatigue d’après diner… En effet, nous sommes arrêtés dans un StopPollo, un restaurant de poulet-frites, un des menus les plus populaires au Pérou. Évidemment, la lenteur du service péruvien fait qu’il est presque 13h30 quand nous terminons le repas et les jambes ont eu le temps d’ankyloser. Pourquoi ne pas rester ici? La montée peut attendre à demain, n’est-ce pas? D’autant plus que juste derrière le resto, un superbe hôtel entouré de jardins magnifiques semble nous attendre. Nous décidons sur un coup de tête, de nous payer ce luxe! En plus, un excellent restaurant s’y trouve et nous y dégustons des spécialités péruviennes savamment apprêtées. Ça nous change des pâtes au thon…

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Cette halte nous a fait le plus grand bien car le lendemain, nous terminons la grande ascension au dessus de 4,000 mètres jusqu’à Junin, une petite ville où nous dénichons un ‘hostal’ pour nous mettre à l’abri du froid mordant. Le proprio est extrêmement sympathique et il nous prépare même des bouillottes pour le lit! 



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Le lendemain matin, de gros nuages nous font craindre le pire et c’est chaudement vêtus que nous nous lançons sur la route, espérant de tout coeur que le soleil daigne se montrer. Nous l’échappons belle, seulement quelques gouttes nous tombent dessus. Belle rencontre de la journée: deux jeunes Américains à vélo, Amanda et Seth, ont commencé leur voyage à Carthagène en Colombie et se dirigent vers Ushuaia. Nous échangeons évidemment nos informations!

L’objectif de la journée est d’atteindre Cerro de Pasco, à 4,388 mètres. Nous y sommes presque quand nous frôlons la catastrophe. 

Charles raconte:
« Je pédale allègrement dans la montée qui nous mène à Cerro de Pasco. Cette ville auto-proclamée la plus haute au monde nous attend! Mais en ce qui me concerne, elle aurait pu m’attendre pour l’éternité…J’avance bien quand à l’approche d’une courbe, une voiture qui vient en sens inverse fait une manoeuvre pour éviter un trou dans la chaussée et du coup perd le contrôle… La voiture se met à déraper en zigzaguant  et je me trouve dans la trajectoire… que faire? Je pense, sauter à gauche? À droite? Par dessus? Ou rien? Le temps de penser et voilà que l’auto est sur moi…et passe à 70 km/h à 3 mètres devant moi pour aller s’emboutir dans la falaise. Je reçois quelques cailloux et je suis soudainement enveloppé dans un nuage de poussière. Je jette un regard sur ma droite et aperçois la voiture effectuer un spectaculaire tonneau et retomber sur le toit au haut du promontoire… C’est fini…Je suis sain et sauf mais il s’en est fallu de peu! Je pousse tranquillement mon vélo jusqu’à un poteau de ciment pour le stationner puis me dirige en marchant vers le véhicule accidenté…Le conducteur est-il blessé ou mourant? Y-a-t-il des passagers avec lui? La voiture est en piètre état et git sur le côté…Tout à coup, la portière s’ouvre et le mec sort du tas de ferraille sans aucune égratignure, sûrement qu’il portait sa ceinture! 
Je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur. Je n’ai qu’analysé la trajectoire du véhicule en perdition et en fin de compte, je n’ai eu aucun geste à poser…et me voilà toujours en vie!
Le chauffeur du véhicule allait trop vite comme bien des Péruviens qui privilégient le klaxon au freinage et la témérité à la plus simple prudence!  Mais quand même! Heureusement que le  chauffeur a opté pour la falaise et laissé le cycliste intact pour qu’il puisse voir l’énorme trou de la mine au beau milieu de la ville de Cerro de Pasco! »

Denise raconte:
«Nous sommes dans les derniers kilomètres de montée vers Cerro de Pasco et je suis concentrée sur ma cadence de pédalage quand j’entends un crissement de pneus devant moi. Je lève les yeux et j’aperçois Charles à environ 30 mètres, dans un grand nuage de poussière, et d’où je suis,  j’ai l’impression qu’il tombe brusquement de son vélo! Puis sur sa droite, je vois l’auto filer dans la falaise! Je suis certaine que Charles a été touché!!! Je hurle: « Charles! Es-tu correct??? » Il me répond vite que tout va bien. Le coeur me bat à vive allure, je sprinte les derniers mètres pour le rejoindre et nous nous dirigeons vers le véhicule accidenté. Plusieurs autos se sont arrêtées, et les gens accourent. Quand nous constatons que le conducteur est indemne, je ne peux m’empêcher d’exploser de colère! Il semble jeter le blâme sur le fait que Charles était sur la chaussée pour expliquer qu’il s’est retrouvé dans la falaise!!! Dans mon meilleur espagnol, je lui dit que c’est sa conduite dangereuse qui a provoqué l’accident, et qu’il a failli tuer mon mari! Un autre conducteur sympathise avec nous et confirme que la plupart des Péruviens conduisent comme des ‘locos’ (fous!)!!! Je me calme…je ne peux que remercier le ciel que Charles s’en sorte indemne, et même si je suis très fâchée contre ce conducteur imprudent, Dieu merci, il n’a rien, à part un gros problème pour expliquer à sa soeur (c’était son auto!) ce qui s’est passé avec sa belle voiture neuve. »

C’est la plus grande frousse que nous ayons eu jusqu’à maintenant! On nous demande souvent si c’est dangereux pédaler en Amérique du Sud…Il faut croire qu’on s’habitue à tout, car nous nous sentions confiants et ce, malgré le fait que nous observions les comportements aberrants des conducteurs péruviens. Un cyclo-sportif péruvien nous a même prévenu une fois, en anglais: « Watch out, they’re animals! » Étrange paradoxe, où dans le quotidien, le Péruvien semble détendu, jamais pressé, que ça soit dans les queues interminables un peu partout, ou dans le service dans les magasins ou les restaurants, mais placez-le derrière un volant et il devient fou furieux et fonce partout et sur tout à toute allure, dans le style, ça passe ou ça casse, la main constamment sur le klaxon, tassez-vous mononcle et matante!!! Ajoutez à cela qu’ils conduisent sur les routes les plus dangereuses au monde par leur profil en lacets à flanc de falaises voisinant de vertigineux ravins et vous avez tout ce qu’il faut pour mettre en danger les cyclistes aventureux…et bien sûr, tous les pauvres paysans qui doivent traverser ces routes avec leurs troupeaux. Nous avons vu souvent des chèvres, des moutons, des alpagas, et même des cochons menacés de mort par ces fous du volant! Voilà, c’est dit. 

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Évidemment, Cerro de Pasco ne nous laissera pas de grande impression…Ville minière hyper-polluée, bâtie autour d’un immense cratère laissé par la mine, elle rebute par son climat froid et humide. Nous y avons heureusement déniché un hôtel avec chaufferette. Au matin, il fait -2 degrés et toutes les montagnes sont couvertes de givre. Il faut s’habiller chaudement pour entreprendre la longue descente vers Huanuco. Cependant à mi-chemin, on commence à enlever des pelures car le mercure grimpe à mesure que nous descendons, jusqu’à atteindre 33 degrés à notre arrivée à Huanuco. Quel contraste! 

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Après une journée de repos au chaud, notre trajet nous ramène de nouveau dans les hauteurs et les températures plus froides. Nous nous dirigeons vers Huaraz et la route traverse la pointe sud du parc de Huascaran, se faufilant entre les sommets de la Cordillera Blanca. Nous faisons d’abord étape dans un petit village où on nous offre un ‘cuarto’ pour la nuit: il s’agit tout simplement d’une pièce avec un vieux lit, dans un bâtiment en adobe, et pour toilettes, un trou dans la cour…Pas très invitant, mais au moins, nous avons un toit.

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Il y aura aussi un bivouac très agréable au bord d’une rivière, un peu avant La Union, puis une dernière étape à Huallanca en hôtel avant que nous nous retrouvions dans la nature dans le parc de Huascaran. Laissez moi vous dire que la montée n’a pas été de tout repos! Dès que nous dépassons les 4,000 mètres, nous sentons que l’air est plus rare et chaque coup de pédale demande un effort supplémentaire. De plus, un ciel menaçant nous fait craindre le pire…

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Fin d’après-midi, un peu avant d’arriver à l’intersection de la route en gravier traversant le parc, une soudaine averse de grésil nous stoppe pendant une dizaine de minutes, puis le ciel semble vouloir se calmer. Nous continuons donc l’ascension espérant franchir la passe à 4,860 mètres, mais tout à coup, comme cela peut se produire fréquemment à cette hauteur, le temps vire au pire! Nous apercevons un espace relativement plat et vite, nous montons la tente pour pouvoir nous abriter. Juste à temps! Il neige à plein ciel, et le vent souffle fort. Nous parvenons à nous cuisiner une soupe nourrissante sous la tente, et il n’y a rien d’autre à faire qu’à souhaiter que ça arrête. Il faut secouer la tente régulièrement pour éviter qu’elle ne s’affaisse…Notre Hilleberg est excellente, mais elle n’est pas conçue pour l’hiver! Au bout de quelques heures de suspens, enfin, la neige cesse. Finalement, nous dormirons relativement bien dans nos duvets, mais au matin, tout est mouillé de condensation et il faut quasiment pelleter autour de la tente! On ne peut s’attarder longtemps, il faut vite terminer la passe et redescendre à une altitude plus raisonnable. Plus facile à dire qu’à faire! Les jambes peinent, le souffle est court, mais on y arrive finalement et comme pour nous récompenser, un ciel de plus en plus lumineux nous permet de découvrir des panoramas époustouflants sur la fameuse Cordillera Blanca…qui porte drôlement bien son nom aujourd’hui!

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Peu à peu, nous quittons les sommets enneigés pour traverser une zone où poussent des plantes rares, les ‘puya raimondii’. Cette espèce de la famille des bromélaciées vit environ 100 ans et avec sa hampe florale, peut atteindre 3 mètres. Nous faisons justement bivouac au pied d’une pente où se dressent des centaines de ces plantes inusitées.

Le reste du trajet s’effectue sans trop de difficulté, puisque nous descendons pratiquement tout le temps, heureusement, car le ‘ripio’ est loin d’être en bon état! Il faut travailler fort pour maintenir le vélo droit, ça muscle autant les bras que les jambes. Quand nous retrouvons finalement le pavé à Pachacoto, ça file allègrement en direction de Huaraz. Nous y dénichons un B&B agréable où nous passerons AU MOINS une semaine. Nos corps nous disent qu’ils doivent bouder les vélos pour un temps…

Cela nous permettra aussi d’évaluer la suite de notre itinéraire. En effet, Charles en a assez des montagnes, mais Denise, même si c’est difficile, apprécie les paysages sans pareil qu’elles procurent…Irons-nous vers la côte, ou continuerons-nous dans les hauteurs jusqu’en Équateur? Bien des discussions en perspective…

À suivre…

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13 commentaires:

  1. Bonjour Charles et Denise,
    C'est toujours intéressant lire vos aventures. Bien heureuse de savoir que Charles a évité l'accident. Ce coin de pays est effectivement très beau mais c'est vraiment du ''hardcore''! On va commencer nos explorations par quelque chose de plus soft... :-)
    Bon vent!

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    1. Bonjour Andrée,
      C'était difficile bien sur, mais après coup, c'est une expérience inoubliable! Ici, à Huaraz, nous allons faire les autres passes en altitude avec des groupes organisés, question de reposer nos jambes! Ça va être soft en titi!

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  2. La dernière photo avec les montagnes en fond de paysage est saisissante! Quelle expérience magique à vivre!

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  3. We are so glad that you didn't get run over, Charles.

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  4. Ailloy! Heureusement que tout c'est bien terminer!
    La beauté des paysages vous faits garder les bons souvenirs.
    Merci pour le partage et soyez prudents pour les autres.

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  5. Felicitations pour votre anniversaire de voyage. Un an deja. WOW!

    Serge

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  6. Hate you guys. I want to read the write-up badly but it's in French. I guess I'll have to settle with the awesome pictures then.

    We're finally in Huaraz after 2 years? It feels weird to be here which we visited 5 years ago but this time we arrived by bike. I remember saying to Dang then, "I'll be back here but on bike". Really a dream come true.

    Miss both of you guys.

    Dean y Dang

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    1. Hi Dean! On the web version, you can use thé translator version. At thé top right corner!

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    2. Hi Dean! On the web version, you can use thé translator version. At thé top right corner!

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