28 mai 2015

Newsletter #25, Arequipa à Yanque (Canyon del Colca)

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Arequipa nous a charmé. Cette ville possède un je ne sais quoi qui fait qu’on s’y sent vite à l’aise. Logés tout près du centre historique, nous avons pu explorer à loisir les différents endroits intéressants, dont le fameux Monasterio de Santa Catalina où des religieuses font voeux de silence; pas besoin de vous dire que c’est un endroit où Denise ne tiendrait pas longtemps! Cependant, le lieu inspire la sérénité et la visite fut des plus reposante, nous isolant complètement de l’agitation de la ville tout autour. Nous avons aussi été très impressionnés par la Plaza de Armas avec son immense cathédrale sur fond de volcans majestueux: une des plus belles ‘plazas’ que nous ayons vues jusqu’à maintenant!

Nous avons aussi pu profiter de plusieurs bons restaurants car Arequipa est renommée pour sa cuisine typique. À défaut de pouvoir nous payer un repas au fameux Chicha du célèbre chef Gaston Acurio, nous sommes allés au Sol de Mayo, très populaire auprès des Arequipenos, et nous avons savouré, entre autres, le ‘rocotto relleno' (piment farci) et une ‘chupe de camarones’ (chaudrée de crevettes géantes), deux des spécialités les plus reconnues d’Arequipa. Pas besoin de vous dire que Charles s’en est aussi donné à coeur joie dans les différentes pâtisseries et cafés de la ville, si bien que nous repartons d’Arequipa avec probablement quelques livres de plus! 


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Vous devinez bien que nous avons vite perdu ce petit surplus de poids, pas plus tard que le premier jour de notre sortie de la ville. En effet, ça grimpe sec en partant et c’est pas moins de 1,100 mètres de dénivelé que avons gravi ce jour-là. Sur l’heure du midi, nous croisons un jeune couple de Français (des Bretons!), Noélie et Olivier, qui font la descente des flancs du Chachani en ‘mountain bike’ avec un guide qui les suit en 4x4: toujours agréable de piquer une jasette avec des cousins.


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Peu après, nous entreprenons la ‘ruta antigua’, l’ancienne route en gravier, très peu fréquentée maintenant. Ce chemin se faufile entre les volcans Chachani et Misti, nous dévoilant des panoramas superbes sur ces deux sommets enneigés. Mais la fatigue vient à bout de notre détermination car la route se révèle pas mal plus difficile que prévu. Nous stoppons donc en milieu d’après-midi, dès que nous trouvons une petite terrasse plane pour piquer la tente. Consolation: une vue imprenable sur le Misti et la ville d’Arequipa en contrebas, qui nous offre un spectacle lumineux sans pareil à la nuit tombée. 

Vous allez dire, mais pourquoi donc prenez-vous des routes pareilles??? Eh! bien! nous choisissons autant que faire se peut, les trajets les moins fréquentés avec l’espoir que les paysages y seront des plus spectaculaires. Nous nous fions aussi parfois sur les compte-rendus d’autres cyclovoyageurs. Enfin, Charles vérifie sur Google Map l’état probable du revêtement, mais depuis que le camion de Google est passé, les éléments ont eu le temps de changer la donne, comme cette année, où les pluies ont été plus fortes que jamais.

C’est d’ailleurs ce que nous constatons le lendemain quand nous reprenons la montée. Les
lacets serrés deviennent de plus en plus raides et le chemin prend des allures de pistes de montagnes avec des ornières géantes et des lits de rocailles entre des pointes rocheuses affleurant un peu partout! Nous peinons à avancer. En plus, à cause de contestations populaires, la route principale asphaltée a été bloquée si bien que plusieurs autobus ont été déroutées par ici. Nous observons donc ces mastodontes tanguer dangereusement près des précipices vertigineux, guidés par une camionnette qui leur montre le meilleur tracé (???). Pas besoin de vous dire que nous nous sentons bien plus en sécurité sur nos fidèles bécanes, malgré les efforts à fournir!

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Cependant à mesure que nous montons, la route se révèle quasi impraticable. Même si nous sommes un peu mieux acclimatés que l’an dernier, Denise ressent quelques symptômes du fameux ‘soroche’ (mal de l’altitude): maux de tête, souffle court. Manoeuvrer un vélo chargé dans une route aussi affreuse demande tellement d’efforts que nous nous résignons finalement à faire du ‘stop’. Une camionnette du genre ‘pick up’ nous embarque et nous montons ainsi les 6 derniers kilomètres de pentes raides de ce chemin de ‘trocha’ (gravier) en nous faisant brasser à qui mieux mieux, regardant les vélos derrière qui semblent se tordre dans la boite, risquant d’être éjectés à tout moment! Arrivés à 4,186 mètres d’altitude, nous débarquons pour la dernière partie du trajet qui s’effectue sur un plateau, toujours avec vue imprenable sur nos 2 volcans, le Chachani et le Misti. Cette fois, peu ou pas de pentes mais un mélange de sable et de pierres nous donnent du fil à retordre jusqu’à l’arrivée à Patahuasi à la jonction de la route principale asphaltée. 

Avec son allure un peu paumé, ce petit bourg servant surtout d’arrêts pour les camionneurs ne nous parait pas très invitant. Mais nous sommes maintenant à plus de 4,000 mètres d’altitude si bien que le temps a changé: le mercure a chuté drastiquement (il fait -2 degrés!) et un vent cinglant achève de nous convaincre de ne pas camper ce soir-là. Mais il n’y a aucun hôtel dans le coin. Après avoir demandé à quelques personnes dans les différents kiosques-restaurants, nous trouvons une dame qui nous dit avoir des chambres en construction au-dessus de son petit resto. Ça fera l’affaire, même si c’est plus que rudimentaire, non isolé, sans chauffage, pas de douche, des toilettes répugnantes dans le fond de la cour, mais il y a un lit propre et avec nos duvets et une tuque, nous réussissons à dormir. Nous sommes au moins à l’abri du vent! Ajoutez à cela les bouchons pour les oreilles car une circulation incessante de camions se fera entendre toute la nuit puisque la route bloquée vient d’être réouverte! 

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Au matin, le vent s’est calmé heureusement, si bien que nous repartons résolus à franchir la plus grande distance possible en direction de Chivay, petite ville à l’entrée du Canyon del Colca. Mais c’était sans compter les effets de l’altitude! Nous grimpons de plus en plus et à partir de 4,000 mètres, ça se révèle vraiment ardu. Il faut ralentir le rythme si bien que rendus à 4,400 mètres, un peu avant la fameuse passe de Patapampa, nous décidons de bivouaquer derrière un remblai rocheux, pas très loin de la route, heureusement très calme la nuit. 

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Cependant, un froid mordant nous enveloppe, si bien que le matin sera difficile. La tente est couverte de givre et comble de malchance, le ciel s’entête à rester couvert d’une épaisse couche de nuages nous cachant le soleil toute la journée. Tant pis, nous avançons malgré tout, et Denise va chercher au plus profond de ses réserves de détermination pour gravir l’interminable passe de Patapampa à 4,910 mètres. À l’arrivée au Mirador de los Volcanes, un groupe de Français nous accueillent triomphalement, impressionnés par notre aventure. Avouons que ça fait un p’tit velours…Et que dire du panorama qui s’offre à nous: des volcans nappés de neige, un autre qui fume (le Sabancaya), tout ça dans un décor surréaliste de pierres, à perte de vue. Ça fait oublier bien des souffrances. Nous faisons aussi la conversation à des vendeuses d’artisanat. Ces femmes en costumes traditionnels passent leur journée à vendre le produit de leur travail: on dit que c’est un des plus hauts marchés du monde…ajoutons un des plus froids! Brrrr!

Comme tout ce qui monte redescend, après quelques kilomètres de pampas, une descentevertigineuse de plus de 30 kilomètres nous amène à Chivay, puis à Yanque, sur le bord du célèbre Canyon del Colca. Nous sommes ébahis par les vues spectaculaires qui s’offrent à nous, en oubliant presque le froid mordant. En effet, le soleil n’a daigné à aucun moment venir réchauffer la journée. 

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Arrivés sur la place du petit village de Yanque, nous nous installons dans un resto agréable pour attendre Angel, le gardien de la maison de notre hôte Warmshower. En effet, Mauricio est en voyage, mais il nous offre quand même sa maison pour aussi longtemps que nous le souhaitons et c’est Angel, son homme de confiance, qui va nous y installer. Cependant, Angel revient de son travail dans les champs vers 18h30, si bien que nous arrivons à notre gîte à la noirceur. Dès notre entrée dans cette immense maison, nous sommes séduits par le décor original. Et comble de bonheur, il y a des chaufferettes! Au petit matin, nous découvrons avec stupeur l’environnement sublime dans lequel est plantée cette demeure: sur le bord du canyon avec vue imprenable sur le volcan Sabancaya fumant d’un côté, et de l’autre, un amphithéâtre naturel de cultures en terrasses incas! La vie nous apporte parfois de ces agréables surprises qui nous font vite oublier les difficultés…


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Nous resterons donc une semaine ici, le temps de bien nous reposer, mais surtout, pour profiter au maximum de ce coin du Pérou absolument magnifique. Au menu, entre autres, une randonnée pour aller visiter les ruines de Uyo Uyo, ancien village ‘collagua’,  sur le flanc nord du canyon.  Le sentier pour s’y rendre, traverse les multiples terrasses cultivées et nous pouvons observer quelques paysans au travail. Ici, tout se fait manuellement, puisqu’aucune machinerie ne parviendrait à se rendre dans ces champs à flanc de montagnes. Dur labeur que ces hommes et ces femmes effectuent depuis des millénaires!

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Chaque matin, les femmes et les enfants du village offrent un spectacle sur la ‘plaza’ pour les touristes. Vêtus de leurs costumes traditionnels colorés, les enfants dansent, et les femmes proposent la photo avec l’aigle ou l’alpaca…moyennant quelques ‘soles’, évidemment. Nous prenons tout de même le temps de leur piquer une jasette en espagnol et la chaleur des sourires augmentent automatiquement. Nous constatons que ces fameux costumes aux broderies élaborées restent le vêtement de tous les jours de la plupart des femmes, avec leurs couvre-chefs typiques, différents selon qu’elles soient d’origine ‘collagua’  ou ‘cabana’ , les deux ethnies qui habitent la région du canyon de Colca depuis toujours.


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Autre moment fort de notre séjour, une virée en taxi au Mirador de Cruz del Condor, à environ 50 km, où nous admirons le ballet aérien de dizaines de condors géants. Certains font jusqu’à 3 mètres d’envergure. Quel spectacle! Chaque jour, entre 8h30 et 10h, ces oiseaux profitent des courants chauds montant des profondeurs vertigineuses du canyon à cet endroit (3,900m), pour se laisser planer devant les centaines de touristes ébahis. On dirait presque qu’ils effectuent leurs manoeuvres pour impressionner la galerie, tellement ils volent directement sous notre nez! 




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Après une semaine ici, on commence à nous reconnaitre au village. Denise fait chaque jour ses courses dans les différentes ‘tiendas’  (petit magasin) sur la place. En effet, impossible de tout trouver au même endroit, il faut faire au moins 3 à 4 ‘tiendas’, qui offrent à peu près tous la même chose, pour réussir à acheter ce dont nous avons besoin. Ce sont toujours de très petits locaux, sombres et désordonnés, où il faut demander ce que nous cherchons. L’inventaire reste souvent très limité, rien à voir avec nos luxueux supermarchés aux étalages abondants et diversifiés. C’est l’occasion d’essayer des produits totalement différents de chez nous. Nous goûtons entre autres à la viande d’alpaca et aux fruits de cactus! Intéressant…

Il est difficile de quitter un endroit aussi agréable mais il faut bien continuer le voyage, c’est le lot des voyageurs nomades. Après avoir demandé différents avis aux gens d’ici, nous optons pour la route la ‘plus facile’ selon eux, pour rejoindre Abancay à travers les montagnes…et cette route passe par Cusco! Eh! oui! nous retournerons donc à Cusco. Pourquoi pas? Nous avions bien apprécié cette ville et nous essayons de nous faciliter la vie autant que faire se peut. 

Ce qui nous attend tout de même: des chemins de ‘trocha’ en haute altitude (plus de 4,500 mètres), peu de villages sur la route et un climat rude à cette hauteur. 



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