19 avril 2015

Newsletter #23, Vallenar à Antofagasta

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C’est sous un ciel radieux que nous quittons Vallenar. La route descend plus qu’elle ne monte, mais pour mettre un p’tit bémol sur notre enthousiasme, voilà que le vent d’ouest souffle avec vigueur. « Calmez-vous les cyclistes, vous allez trop vite! » semble-t-il dire. Quelques 50 km plus loin, nous décidons de faire halte à Huasco, sur le bord du Pacifique. Un ‘hostal’ au look chalet suisse un peu défraichi nous sert de gîte ce soir-là. Pas beaucoup de touristes ici, ce sont plutôt des travailleurs qui y transitent. Le vrai Chili quoi!



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Le lendemain, nous nous lançons sur la route de la Costa, un chemin de sel et de sable durcis. La surface ressemble à de l’asphalte granuleuse, ça roule assez bien. Malheureusement, le temps est maussade et la ‘camanchaca’, cette brume côtière typique du coin, ne veut pas se lever. Nous roulons donc dans un brouillard qui nous voile les panoramas maritimes autant que montagneux. De plus, ça reste frisquet, si bien que les blousons sont de mise une bonne partie de la journée. 



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Au passage à  Los Toyos, un petit village quasi désert car tous les vacanciers sont retournés en ville, un groupe de chiens errants nous tient compagnie pendant notre pause ‘pinottes’ (nom que nous avons donné au mélange d’arachides et fruits séchés nous servant de collation d’avant-midi). Nous baptisons l’un d’eux Goofy car Denise trouve qu’il ressemble un peu au personnage de Disney, avec son petit air maladroit. Charles le flatte, et voilà que Goofy décide de nous suivre. Eh! bien, le brave chien court pendant les 40 km suivants, ne voulant pas nous laisser. Si bien que nous arrivons à Carrizal Bajo avec un ami pour la vie! Mais la pauvre bête est épuisée. Nous lui trouvons de l’eau et achetons un peu de nourriture, mais il n’en veut pas! Probablement trop habitué de manger des déchets divers…Il nous suit partout dans le village et nous remarquons qu’il boite un peu. Il a dû se blesser à courir ainsi. Nous louons un petit appartement dans une maison particulière et le chien reste devant le portail de la propriété…jusqu’au matin! Il nous attend, tout excité de nous retrouver. Mais là, il a vraiment de la difficulté à marcher, pauvre animal. Il veut tout de même nous suivre! Mais il risque de mourir sur la route. Il semble que cela se produit souvent. Nous demandons donc au proprio de le retenir jusqu’à ce que nous soyons suffisamment éloignés. En restant ici, il se fera de nouveaux amis et la nourriture ne manque pas au port avec toutes les carcasses de poissons qui trainent au retour des pêcheurs. Nous avons un petit pincement au coeur…On s’attache vite à un si fidèle compagnon…(Voir autre texte pour la version du chien)



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La journée est longue: plus de 85 km, sous un ciel maussade délavant toutes les couleurs. Le moral en prend pour son rhume…et justement, Denise en commence un de rhume! Décidément, on n’avait pas besoin de ça…Quand nous arrivons en vue de Baranquilla, un petit village en bas d’une longue pente, il est déjà 18 heures et la perspective de devoir remonter tout ça le lendemain ne nous enchante pas, si bien que nous élisons domicile en surplomb du village à l’abri de quelques gros rochers. Notre tente frémit un peu sous le vent, mais nous passons une nuit des plus calmes et surprise! le lendemain, même pas une goutte de condensation sur la tente, tout est sec, même si les nuages sont encore là. C’est tellement plus facile de décamper!


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Le petit déjeuner avalé, en route pour Bahia Inglesa, à quelque 68 km. C’était sans compter les dégâts provoqués par les inondations. En effet, après Puerto Viejo où nous dînons sur le port, la route de la côte a été coupée par les eaux chargées de boue. Mais personne n’a pensé mettre une affiche l’indiquant aux pauvres cyclistes…qui n’ont pas pensé demander l’information avant de s’engager sur la route. Tant pis pour nous, il faut rebrousser chemin. Dix kilomètres de plus! Puis de l’autre côté du rio Copiapo, nous redescendons vers la côte…pour trouver de nouveau la route
dévastée! Un autre 2 kilomètres, avec une belle pente crève-coeur en prime! Denise en prend pour son rhume…qui la fait de plus en plus souffrir. Il faut se résoudre à
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prendre le chemin un peu plus à l’intérieur ce qui ajoute un autre 8 km à ce qui était prévu. Pour couronner le tout, un bon vent de face nous en fait baver le reste la journée! Nous parvenons tout de même à rejoindre Bahia Inglesa, une station balnéaire très populaire, même hors-saison, la plage est envahie de touristes car c’est samedi. Nous trouvons une petite maisonnette à l’entrée du village et décidons d’y passer 2 jours pour nous reposer. À part la plage, pas grand chose ici, seuls 2 ‘mini-markets’, fermés actuellement. Bon, il nous reste assez de provisions pour ce soir, nous verrons demain…Il y a toujours les restos, mais ils sont plutôt cher.


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Après une nuit des plus confortables, il faut se rendre à l’évidence, les ‘mini-markets’ resteront fermés. Cependant, le proprio de la maison nous offre un ‘lift’ jusqu'à Caldera à 5 km, où il y a une grosse épicerie. Nous partons donc nous approvisionner au Unimarc (sorte de Loblaws local), et il y a foule, car les gens sinistrés de Chanaral et de Copiapo viennent y faire des provisions. Pour revenir, un petit 2 000 pesos (environ 4$) de taxi! Pas si mal pour ne pas crever de faim sur la plage. Avouons surtout que la perspective de faire 10 km de vélo pour aller faire l’épicerie ne souriait pas beaucoup à Denise qui a les yeux qui pleurent et le nez qui coule comme une fontaine. Méchant ‘rhube’!

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Une 2e journée à ne rien faire que se reposer, se promener un peu, et voilà Denise remise sur pied…ou plutôt sur le vélo! Nous profitons de la piste cyclable jusqu’à Caldera et suivons ensuite la Panaméricaine en direction de Chanaral. Sur le littoral, il y a plusieurs petits villages plus ou moins déserts à cette époque de l’année. C’est à Flamenco que nous faisons étape car il y a un camping au milieu du village. Nous y sommes les seuls campeurs. L’endroit n’est pas super, en plein vent, pas loin de la route, donc assez bruyant. Le vieux monsieur qui le gère travaille fort à réparer la plomberie qui fuit de partout!En fait, Flamenco n’a d’exotique que le nom, rien pour nous retenir longtemps.


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Le lendemain, nous arrivons finalement à Chanaral, une des villes qui a été trèsaffectée par les grandes inondations de fin mars. Quel spectacle désolant! La route panaméricaine a été emportée et il faut passer au travers de la ville par un dédale de petites rues pour rejoindre l’autre rive du rio Salado. Leur réseau d’eau potable et d’égouts est hors d’usage. Il y a des toilettes portables un peu partout, de gros réservoirs où prendre de l’eau et on voit les gens travailler fort pour nettoyer les rues qui ont été envahies par des fleuves de boue. En dépit de la situation difficile, tout le monde est gentil avec nous et quand on leur parle de leur malheur, ils nous répondent qu’il y a des gens bien plus mal pris qu’eux! En effet, plus à l’est, dans la pré-cordillère, il y a des villages entiers qui ont été emportés par la force des eaux et on déplore de nombreuses victimes. 


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C’est à cela que nous songeons quand nous apprenons que nous ne pourrons visiter le fameux parc Pan de Azucar car la route a été emportée. Évidemment, nous sommes déçus car nous anticipions avec plaisir la traversée de ce parc sur le littoral, mais ce n’est rien comparé à ce que vivent les sinistrés, n’est-ce pas? Tant pis! Nous reprenons donc la route 5 qui remonte un peu vers l’intérieur…à travers le désert. Pas évident de trouver un coin abrité pour camper dans cette immensité, mais en fin de journée, nous parvenons à nous installer dans un petit repli de terrain et le vent se calme finalement pour la nuit, dieu merci! Le lendemain, nous devons emprunter un ‘desvio’ sur plusieurs kilomètres car, encore une fois, une grande section de la route Panaméricaine a été détruite! Nous voyons les traces impressionnantes laissées par l’eau de chaque côté de la route. Quelle force destructrice incroyable! 

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Nous arrivons à l’intersection de la Panaméricaine avec la route 1 qui descend littéralement vers Taltal sur la côte. Le chemin suit la Quebrada de Taltal. Les ‘quebradas’ sont d’immenses ravins entre les montagnes. Nous réalisons de nouveau l’ampleur des inondations qui ont saccagé la région. De chaque côté de la route, d’immenses crevasses témoignent du passage des eaux déferlantes et la chaussée de bitume est recouverte d’une couche de boue séchée que la machinerie a déblayé du mieux possible. Nous roulons ainsi 25 km avant d’arriver dans la petite ville où pas une rue ne semble avoir été épargnée par ce fleuve de boue. Des soldats s’activent à tout nettoyer, et, de nouveau, quand on parle aux gens, ils nous signalent que le pire est passé et que d’autres sont plus mal en point…Et la vie continue, les enfants jouent dans les parcs, les familles s’attablent aux terrasses des restaurants le soir, on se promène sur la belle esplanade surplombant la mer…

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Après une nuit de repos dans un charmant petit hôtel, nous reprenons la route en bord de mer, jusqu’à Paposo. Une succession de petites plages désertes en ce temps de l’année nous permet d’agréables pauses. Le temps jusque là couvert s’est enfin mis au soleil radieux, nous permettant de profiter au maximum de cette superbe route littorale. Si bien que vers 13 heures, nous refusons une offre d’un camionneur qui est prêt à nous emmener à Antofagasta car à Paposo, il y a une ‘cuesta’  incroyable à gravir dit-il…Oui, nous le savons, mais nous pensons profiter du beau temps pour camper au bord de la mer ce soir à Paposo. Mais en fin de journée, arrivés à ce petit village, voilà que le soleil a décidé de nous laisser tomber! De plus, rien de bien intéressant dans ce bled perdu. Nous regrettons maintenant d’avoir décliné l’offre du gentil camionneur quand on aperçoit la fameuses ‘cuesta’, un pan de mur, avec des gradients de 10% à 13%, sur 12 km!

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Pas question d’attaquer une telle route, nous décidons donc de tenter le ‘stop’ comme disent nos amis français. Après une trentaine de minutes d’attente, une camionnette s’arrête et accepte de nous prendre. Le chauffeur monte sur les 12 premiers kilomètres justement, jusqu’à un chemin menant à une mine. Denise a la surprise de voir des caisses de dynamite à côté d’elle sur le siège arrière! L’homme nous explique qu’il apporte ces explosifs à la mine et « il n’y a qu’à rester tranquille et tout ira bien »…avec un sourire en coin! Nous nous retrouvons donc sur le bord de la route de nouveau, près de l’entrée de différents complexes miniers. Pas très agréable pour camper…Nous reprenons donc le ‘stop’ dans l’espoir de nous faire amener au point le plus haut de la route à quelques soixante kilomètres plus loin. Il est temps de se ménager un peu qu’on se dit! 

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Finalement, après 45 minutes, un camion s’arrête. Une fois les vélos chargés, nous nous entassons dans la cabine avec Wilson et Victor qui nous font la conversation pendant que nous regardons défiler le paysage désertique sans grand intérêt de chaque côté d’une route qui monte pratiquement sans arrêt jusqu’à plus de 2,000 mètres d’altitude! Arrivés là-haut, nous n’avons que le temps de monter la tente et de souper rapidement avant que le soleil ne descende derrière la montagne faisant chuter les températures rapidement. Le vent change de bord vers 20h00, faisant claquer la tente quasiment toute la nuit. Pas facile la vie de campeurs en altitude…

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Mais le lendemain, une descente grisante nous attend. Sur presque 40 kilomètres, pas un seul coup de pédale et nous avançons à une moyenne de plus de 50 kilomètres/heure! Le rêve de tous les cyclovoyageurs! Nous arrivons donc à Antofagasta en début d’après-midi après 97 kilomètres de route. C’est une grosse ville, bruyante, très animée mais l’ambiance nous parait sympathique. Nous parvenons à trouver un petit hôtel dans le centre et nous y passerons 3 jours, d’abord pour nous reposer de toutes les péripéties des dernières semaines. Il faut aussi magasiner car certains vêtements ont besoin d’être remplacés: presque 10 mois sur la route et plus de 11,000 km, ça use pas juste les souliers!

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Mais surtout, il nous faut préparer la suite du voyage. En effet, devant nous il reste encore un millier de kilomètres au moins avant d’arriver à la frontière du Chili avec le Pérou. On nous dit que la route est plus dangereuse, sans accotement, et surtout, que ce n’est que désert. C’est donc le temps d’essayer le système d’autobus chilien. Nous voulons rejoindre au moins Arica à la frontière avec le Pérou et nous verrons ensuite par quel moyen nous traverserons le désert péruvien pour arriver à Arequipa que  Denise rêve de visiter. Puis il y le canyon de Colca, en altitude, au nord d’Arequipa…Encore bien des défis nous attendent! 



À suivre…



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2 commentaires:

  1. Quelle frimeuse Denise avec sa nouvelle sacoche rouge Ortlieb
    Delphine
    C'est pas pour faire mon baveux mais tu as triché sur moi !
    Jérôme

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    1. Elle était tellement heureuse lorsque je lui ai montré la sacoche rouge dans la boutique Mammut du centre commercial d'Antofagasta! Je lui ai dit...regarde! C'est comme celle de Jérôme! Elle a dit "Vendu"!. Elle était folle comme un balai! (expression Québécoise).

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