9 décembre 2014

Newsletter #15 San Martin de los Andes à Esquel

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Avouons-le, reprendre la route après 2 jours de repos n’est pas toujours facile, encore moins quand le temps est maussade. Que nous réserve cette fameuse Ruta de Siete Lagos dont on vante la beauté? Le mauvais temps viendra-t-il gâcher les prochains jours? Autant de questions qui nous trottent dans la tête quand nous entreprenons la longue montée à la sortie de San Martin de los Andes. Heureusement que la route se déroule en lacets aux pentes progressives qui ménagent nos jambes bien reposées. Le temps reste gris pratiquement toute la journée mais à notre arrivée au camping du lac Falkner, première étape prévue, le soleil illumine les montagnes qui surplombent le camping et nous passons une agréable soirée avec Alexandra, une jeune Allemande de 24 ans qui voyage seule à vélo. Courageuse jeune femme! Mais ne dites surtout pas à sa mère qu’elle est à vélo, elle croit qu’elle voyage en bus!

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Le lendemain, nous sommes réveillés vers 6hres…par des vaches qui broutent autour de la tente! Nous trouvons plutôt inusité le fait que les campings sont souvent occupés par des troupeaux de vaches, heureusement pas dangereuses du tout, mais il ne faut surtout pas marcher dans les grosses bouses qu’elles laissent un peu partout. 

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Le temps semble hésiter entre la pluie, la brume…ou le beau temps. La route continue à grimper peu à peu, et aujourd’hui, nous nous retrouvons de nouveau sur une route en gravier, en construction par bouts, mais relativement en bon état. Si ce n’était des longues montées nous pourrions dire que c’est quasi facile! Nous nous arrêtons au camping du lac Correntoso, entre des montagnes escarpées, dans une forêt dense, où broutent des moutons et des chevaux. Ce soir-là, il fait froid et une fine pluie intermittente vient nous compliquer la vie pour la préparation du souper. Nous parvenons toutefois à allumer un feu de camp, excellent antidote au coup de cafard dû au mauvais temps! Feu que nous parvenons à rallumer le lendemain pour sécher nos duvets et réchauffer les mains en attendant que la brume se dissipe et qu’enfin, le soleil daigne illuminer les paysages somptueux de la Ruta de Siete Lagos.

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Nous sommes vraiment chanceux car nous venons d’arriver dans la zone la plus spectaculaire de cette région. Les paysages sont de plus en plus grandioses et les fameuses « temaras » jaunes bordent les routes en haies touffues, contrastant joliment avec le vert foncé des forêts denses qui entourent les lacs et tapissent les montagnes. Et que dire des milliers de lupins qui dansent sous le vent, ajoutant des notes de mauve, violet, blanc et rose. Nous sommes éblouis! 

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Nous rencontrons aussi de plus en plus de cyclistes: un couple hollandais qui commence tout juste leur voyage et un couple de Canadiens rencontrés précédemment à la sortie de Uyuni en Bolivie! Il y a aussi ce couple de Barcelone qui file vers Ushuaia, et quelques autres, plus pressés probablement, qui nous saluent sans s’arrêter. La saison commence à peine, l’été se pointant le 21 décembre ici en Patagonie.

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Après un arrêt ravitaillement et lunch à Villa La Angostura, charmante petite ville où se termine la Ruta de Siete Lagos, nous campons à La Estacada, un des nombreux campings du parc national Nahuel Huapi. Nous sommes installés au bord du lac du même nom, au bord de la plage, juste à côté d’une rivière cascadante qui vient se jeter dans le lac. Plusieurs pêcheurs viennent y taquiner la truite en fin de journée, avec plus ou moins de succès. Nous sommes complètement époustouflés par la beauté du site et il est bien agréable de partager nos impressions avec Anne et Simon, un jeune couple français qui voyagent en « stop ».  

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La dernière partie de la route vers San Carlos de Bariloche se révèle moins spectaculaire car nous sortons de la forêt et des montagnes pour retrouver des paysages de pampas, encore quelque peu vallonnée toutefois, et le vent patagonien nous en fait arracher avant que nous parvenions à San Carlos de Bariloche où nous nous payons le luxe d’un hôtel 3 étoiles, rien de moins! Nous y récupérons les précieux paquets que nous attendions (pneus de rechange et fermetures éclair de tente). Le lendemain, nous déménageons toutefois nos pénates dans un logis plus modeste, un B&B un peu plus excentré mais moins cher. Après tout, il faut quand même étirer un peu le budget si l’on veut que ça dure, et on ne peut pas dire que San Carlos soit une ville économique. Mais nous nous permettons quelques gourmandises chocolatées dans cette capitale auto-proclamée du chocolat! (Mais non, Jérôme, toujours pas de pains au chocolat!)

Après les tâches usuelles des jours de congé, nous consacrons une journée au tourisme plus conventionnel: une excursion en bus « collectivo » au Cerro Campanario où nous prenons paresseusement le télésiège pour aller au sommet, admirer la vue spectaculaire de toute la région. Ça repose.

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Tant mieux, car le départ de San Carlos est raide, dans tous les sens du mot. Bâtie à flanc de montagnes, cette jolie ville étale ses rues sur des pentes très abruptes pour des cyclistes aussi chargés que nous, qui repartons avec les sacoches pleines de provisions pour les prochains jours en bivouacs probables. Ouille! ça chauffe!

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Par la suite, nous continuons la montée, plus progressivement heureusement, mais à la fin de la journée, nous aurons finalement grimpé plus de 1 000 mètres de dénivelé positif! Après quelques 70 km, nous apercevons une affiche annonçant un camping avec resto dans environ 10 km. Tout contents, nous nous arrêtons à l’entrée…pour nous faire dire que c’est fermé pour cette semaine pour une obscure raison de chevaux libres, et de clôture électrique dangereuse. La dame semble un peu gênée de nous renvoyer sur la route mais elle nous assure que nous trouverons un endroit de camping libre (gratuit) près d’une rivière…dans 8 km! C’est long, ça, quand on est fatigués et que la route continue à monter et redescendre et remonter. Mais nous n’avons pas le choix. C’est au bout de 87 km pour la journée que nous trouverons un petit coin au bord du rio Foyel, bordé de milliers de lupins qui dansent dans la lumière dorée du soir. Le son de la rivière camoufle bien le bruit de la route un peu plus haut gage d’une nuit reposante…

D’autres montées nous attendent le lendemain, toujours sur la route 40, en direction de El Bolson où nous stoppons pour le ravitaillement. Il semble que de nombreux hippies se sont établis ici au début des années 70, attirés par le climat agréable et les terres fertiles, mais il n’y a pas grand-chose qui en témoigne aujourd’hui. La ville est encaissée entre de hautes montagnes et traversée par la rivière Quemquemtreu (« Pierre qui roule » en langage mapuche). Comme il est trop tôt pour compléter la journée à vélo, nous décidons de continuer et de trouver un endroit où camper plus loin. 

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Ça se révèle plus difficile que nous pensions. À Epuyen, nous demandons la permission de camper derrière le bureau d’information dans les buissons de rosiers sauvages mais nous essuyons un refus plutôt froid du préposé. Comme il faudrait descendre sur 10 km de gravier (que nous devrions remonter le lendemain), nous renonçons à nous rendre au lac d’Epuyen et poursuivons sur la route 40. Nous aboutissons finalement au bord de la route, sur un ancien chemin poussiéreux, cachés par quelques arbres, près des fameuses clôtures d’estancias pratiquement infranchissables. Le vent, la poussière et le bruit de la route annoncent une nuit difficile mais les dieux doivent avoir pitié de nous, car tout se calme vers 22 heures et nous dormons comme des marmottes toute la nuit! Faut dire que pédaler plus de 85 km de routes de montagnes, ça fait l’effet d’un bon somnifère…

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Le lendemain, nous décidons de laisser la route 40 pour rejoindre le parc national los Alerces dont Alexandra, la jeune cycliste allemande rencontrée au lac Falkner nous a vanté la beauté. Elle nous a assuré que la route 71 en gravier qui le traverse n’est pas « si difficile »…Nous y voyons une belle alternative au segment de la route 40 jusqu’à Esquel où nous craignons la force des vents presque toujours du sud-ouest, donc quasiment de face ou de côté pour nous. 

Eh! bien! ça nous apprendra à suivre les conseils d’une jeune femme de 24 ans, quand on a plus que le double de cet âge! Nous avons travaillé dur! Oui, le parc est superbe, sauvage à souhait, loin de tout, mais la route est terrible, en grosses pierres, planche-à-laver, alternant montées abruptes et descentes raides sur des gradients de plus de 10% régulièrement. Les roues dérapent tellement c’est à pic! De plus, nous qui pensions échapper au vent dans les montagnes, c’est raté. Il nous a rattrapé joliment dans certaines portions de la route, nous rendant l’effort encore plus difficile si ça se peut!  

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Au milieu du parc, les campings sont plus ou moins ouverts en ce début de saison, avec services très rudimentaires. On y fait chauffer l’eau pour la douche au feu de bois, c’est vous dire! Et ce n’est pas prêt avant 21h30. Eh! non! nous n’avons pas été capable de résister au sommeil et les lingettes au bord du lac nous ont permis d’enlever le plus gros de la couche de poussière accumulée pendant la journée. De nouveau, ce sont des vaches qui nous réveillent le lendemain matin…

Après encore 46 km de route difficile, nous trouvons finalement un camping luxueux (bloc sanitaire propre avec douche « normale » à l’eau chaude à partir de 18 hres) peu avant la sortie du parc. Le site est magnifique, entouré de montagnes, bien abrité du vent. Pas de vaches cette fois, mais d’étranges oiseaux au long bec qui croassent gaiement tôt le matin. Ça change des coqs!

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Nous voilà maintenant à Esquel, où nous nous reposons 2 jours. Il nous faut planifier serré pour la suite car nous désirons être à Puerto Natales au Chili pour le temps des  Fêtes et comme c’est une période de haute saison là-bas, il a fallu réserver une "cabanas" à l’avance. Nous y resterons une semaine! Des vacances quoi!


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Cependant, il reste plus de 1 400 km à parcourir! C’est donc sûr que nous devrons prendre un autobus quelque part, il reste à déterminer à partir d’où…Combien de temps pourrons-nous supporter les vents patagoniens? Seront-ils favorables ou non? «El viento que vuelve la gente loco » (le vent qui rend les gens fous), voilà ce que disent les gens d’ici! 

À suivre…

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