J’vous dis que ça roule! En 10 jours, nous voilà à la hauteur de Bangkok, près de la frontière du Cambodge, plus précisément à Khlong Hat. Cherchez pas sur la carte, c’est tout petit. Sur ces 10 jours, il y a eu 2 jours de repos (visites), dont le dernier au Phanom Rung, un parc historique de style kmer. On l’appelle le mini Angkor Vat, parce qu’il est du même style, mais il a été bâti avant et aurait servi de modèle à son beaucoup plus grand frère. Très bien reconstitué, il permet de se faire une idée de la splendeur passée de ces grands ensembles de temples. Pas très loin, il y a aussi le Prasat Muang Tam, un autre très joli temple kmer entouré de bassins d’eau fleuris de lotus. Mais avant d’arriver à Nang Rong, notre base pour ces visites, il a fallu franchir l’immense plaine de l’Isan, au climat de savane tropicale. Ce fut un plongeon au coeur d’une Thaïlande rurale, bien loin des clichés touristiques.
Tout d’abord, au départ de Nong Khai sur le Mékong, nous apprécions les zones plus vertes avec quelques jolies rizières qui miroitent sous un timide soleil. Nous avons prévu une visite au fameux lac Kumphawapi et ses lotus rouges, au sud d’Udon Thani. Cependant, pour la première fois depuis longtemps, nous voyons de gros nuages envahir le ciel, si bien que nous accélérons la cadence pour arriver à Ban Diam avant la pluie! Et hop! on complète les 101 km vers 14 heures et installés dans un confortable petit motel, nous regardons des trombes d’eau s’abattre sur le lac. Ça dure toute la soirée et une partie de la nuit. Le lendemain, notre excursion en bateau se déroule donc par un petit matin brumeux, avec un soleil hésitant qui peine à traverser la couche de nuages qui restent. Les millions de fleurs sur le lac forment tout de même un tableau magnifique et en plus, il y a des oiseaux partout. Nous apprécions beaucoup la ballade.
Petite anecdote: en Thaïlande, il est courant de voir de petits geckos partout. Ils sont bien utiles pour s’occuper des moustiques et complètement inoffensifs…sauf quand ils vous sautent sur la tête pendant la nuit. C’est ce qui est arrivé à Charles à Ban Diam. Au retour des toilettes, quand il se recouche, il a senti la petite bête lui sauter sur le crâne! Charles l’a tapé et le petit reptile s’est faufilé sous les couvertures en lui frôlant la jambe. Panique totale! Denise, toute endormie pense qu’il a fait un cauchemar. Après double et triple vérification des draps, retour au dodo…Charles se dit que le petit lézard l’a peut-être sauvé d’un moustique à malaria qui tentait de lui piquer le coco…Et nous vérifions les draps chaque soir maintenant!
Quand nous repartons de Ban Diam, nous roulons sur une petite route qui serpente le long du lac Kumphawapi, jusqu’à la ville du même nom. Nouvellement asphaltée, pas de circulation, avec un paysage lacustre de toute beauté, nous, cyclistes appelons ça une route idéale. On voit les cabanes rudimentaires des pêcheurs un peu partout mais personne ne s’y active car le niveau de l’eau semble bas. C’est le calme total et avec la lumière matinale, c’est magique. On profite du plaisir quand il passe!
Dommage qu’il n’existe presque plus ce genre de petit chemin tranquille en Thaïlande. On dirait qu’on est en train d’élargir à 4 ou 6 voies quasiment toutes les routes. Nous devons ainsi fréquemment franchir des zones de travaux dans la poussière et le bruit des camions. Nous traversons des villages entiers séparés en deux par d’énormes tranchées où sera la future route…Ils appellent ça le progrès…Entre les villes et villages, c’est la campagne à perte de vue. Plantations de canne à sucre, manioc, bananiers, rizières asséchées, des vaches à bosses qui broutent partout, voilà l’essentiel des paysages qui défilent. C’est vraiment la saison sèche et ici, les brûlis agricoles sont commencés à plusieurs endroits si bien que l’air est saturé de fumée et le ciel reste gris, malgré le chaud soleil.
Nous franchissons ainsi plus de 668 kilomètres, faisant étape dans des petites villes où les hébergements nous réservent des surprises en tout genre. ‘Resorts’ défraîchis à la robinetterie en mauvais état, calmes à l’arrivée, bruyants en soirée, propreté douteuse, portes et fenêtres qui ferment mal…et même une fois, un gecko pris au piège dans la cafetière! Yerk! Heureusement il y a aussi très souvent, des endroits agréables, à petits prix. Comme lors de notre étape à Nang Rong, où nous logeons dans un ‘hostel’ dont les proprios sont vraiment charmants. Lui parle anglais et français et il nous amène aux 2 sites des temples kmers, en nous donnant des détails sur chacun. Quant à madame, elle nous cuisine d’excellents repas maison. Ça nous change de la bouffe de rue…
Ce qui m’amène à vous parler des 7-Eleven! Tous ceux qui ont voyagé en Thaïlande vous le diront, ces super dépanneurs sont incontournables. Il y en aurait plus de 10,000 dans tout le pays! Et nous l’avouons, ils sont notre bouée de sauvetage dans la Thaïlande profonde. Exemple, un midi, Charles (et Denise aussi, avouons-le!) en avait soupé de la fameuse soupe des boui-boui où vous trouvez des pattes de poulet complètes ou du boudin, des abats, et autres choses inconnues. Donc, plan B: arrêter au 7-Eleven! Et il y a eu aussi cette fois où nous sommes allés chercher quelque chose à manger au marché de nuit à Phayakkhaphum Phisai. Nous nous promenions entre les différents kiosques quand nous avons vu ce qui ressemblaient à 2 rats en train de rôtir sur la braise! Hum! ça vous coupe l’appétit…et ça vous amène au 7-Eleven du coin de la rue où on trouve presque de tout, du ‘junk food’ familier à du plus exotique, mais nos pauvres estomacs, parfois irrités par l’excès de piments y trouvent de temps en temps du réconfort. De plus, à certains endroits, chercher ce qui ressemble à un restaurant ouvert plus tard que 17 heures se révèle impossible. Donc, encore une fois, le 7-Eleven va vous sauver du jeûne. Évidemment, tous les jours, c’est la halte favorite pour les breuvages froids et bonus, Denise adore y faire son p’tit tour à l’air climatisé.
Nous croisons très peu de touristes occidentaux, si bien que nous sommes de nouveau les vedettes du jour partout où nous passons. Le Thaï de Denise sert un peu plus…mais il y a souvent un moment de panique quand elle sort ces quelques mots en Thaï comme cette fois où la dame part en courant et tape sur la porte d’une chambre en criant jusqu’à ce que sa fille toute ensommeillée vienne à la rescousse avec un anglais parfait. Denise en profite pour vérifier si ses questions sont correctes et la jeune fille la rassure, mais il semble que la plupart des gens âgés sont complètement déconcertés par les ‘farangs’ qui baragouinent le Thaï et de peur de mal les comprendre, ils cherchent vite quelqu’un d’autre qui peut parler anglais.
Déjà, il ne reste qu’une vingtaine de jours au voyage. D’ici là, le plan, c’est de rejoindre la côte du Golfe de Thaïlande à partir de Chanthaburi au sud-est de la capitale. Nous sommes dûs pour un changement car les derniers mois ont été intenses. Nous avons visité de multiples temples, sillonné des montagnes, longé le Mékong, traversé l’immense plaine de l’Isan, alors à nous maintenant le bord de mer! Donc depuis Chanthaburi, nous remonterons très lentement, en paressant ici et là sur les quelques belles plages que nous trouverons…des vacances dans les vacances!
Petit nuage sur la fin de notre voyage, il y a cette inquiétude au sujet de ce fameux coronavirus chinois…Nous serons bien prudents à Bangkok où il y des cas répertoriés. Mais LA question: pourrons-nous revenir au Québec avec notre vol sur Air China…qui passe par Beijing?
À suivre…