Fous, inconscients, téméraires, masochistes…ou courageux, braves, déterminés, intrépides?
À vous de répondre après avoir lu.
Nous quittons Chilecito sous un soleil de plomb et le mercure ne cesse de grimper. Les premiers 20 kilomètres, la route descend légèrement mais arrivés à Nanogasta, la montée commence sérieusement. Nous sommes au pied de la fameuse Cuesta de Miranda, une section de la Ruta Nacional 40 qui traverse des montagnes d’un rouge flamboyant. La température frôle les 44 degrés et c’est avec la sensation d’être des steaks sur un barbecue que nous
poussons sur les pédales pour gravir cette fameuse Cuesta! De plus, la route est en construction et certains tronçons sont en gros gravier, terriblement abrupts, ce qui nous oblige à pousser nos montures à 2 ou 3 reprises. Du sport, comme on dit! Mais le spectacle vaut l’effort et on se demande si le créateur n’a pas échappé un pot de peinture rouge en façonnant ces montagnes. Arrivés au sommet, nous sommes épuisés. Pas question de rouler encore longtemps, on se laisse donc descendre jusqu’à trouver un site idéal pour un bivouac. Miracle! Nous apercevons un chemin qui mène à un bouquet d’arbres et de cactus au bord d’un « rio »…à sec! Ça se révèle tout de même un endroit parfait pour monter le camp. Seul bémol: le temps reste terriblement chaud, même la nuit! Ça nous rappelle nos pire nuits dans Death Valley l’an dernier…
Le lendemain, encore un peu fatigués de notre exploit de la veille, nous parvenons quand même à franchir au moins 100 km, à travers une zone désertique, très légèrement vallonnée. Peu à voir, et nous trouvons que c’est long longtemps comme dit l’expression…Ce soir-là, pour un repos bien mérité, nous optons pour le petit hôtel…avec air climatisé! Que ça dort bien!
Les températures semblent décidées à rester dans la zone extrême, car c’est encore sous une chaleur torride que nous commençons la journée du lendemain. Après, encore un fois, une longue section plutôt monotone, nous voilà, en milieu d’après-midi, au pied de la Cuesta de Huaco. Vous avez tout compris, Cuesta veut dire côte et celle-là en est tout une! Des gradients à faire frémir nos mollets pourtant pas mal endurcis. On s’y attaque, déterminés à arriver à un lac de l’autre côté, où nous espérons camper après une belle baignade. De nouveau, les paysages nous en mettent plein la vue pendant la montée, mais c’est au prix de plusieurs litres de sueur que nous parvenons à franchir ce col pourtant pas si élevé. Avec la chaleur, nous avons l’impression de grimper à haute altitude! Déception pourtant de l’autre côté: le fameux lac est en fait créé par une digue et il est presqu’à sec. Nous ne trouvons pas d’endroit intéressant pour le bivouac et il reste environ 15 km pour arriver à la petite ville de San José de Jachal…Aussi bien s’y rendre, car nous sommes à court d’eau et on RÊVE d'une boisson bien froide après avoir bu autant d’eau chaude! Ce sera « les plus longs 15 km de notre vie » dit Charles…et Denise ajoute: « ça a pas d’allure »!!! Mais nous y arrivons, et c’est encore une fois le petit hôtel à l’air climatisé qui gagne ce soir, après 110 kilomètres! D’un commun accord, sans aucune hésitation, nous décidons de nous accorder un jour de repos! Mendoza devra nous attendre encore un peu.
San José de Jachal se révèle bien agréable pour le farniente et nous passons une partie de nos soirées assis sur un banc de la Plaza…à attendre que les restos ouvrent vers 21 hres. Le temps est doux et nous en profitons pour observer la vie quotidienne des Argentins. S’ils conduisaient aussi lentement qu’ils vivent, nous serions pas mal plus en sécurité sur les routes! En effet, le conducteur argentin moyen conduit à 3 vitesses différentes: vite, très vite ou extrêmement vite!
Bien reposés, c’est avec un bon vent de face que nous reprenons la route. Rien de bien excitant à voir le long de ce segment de la Ruta 40, si bien que nous regrettons un brin ne pas avoir pris la route des montagnes…Ce soir-là, c’est derrière un bâtiment abandonné par la compagnie ferroviaire que nous dressons notre camp. Tout va bien jusqu’à 3 heures du matin où un vent violent nous réveille, ébranlant la tente à tel point que Charles doit sortir à 3 reprises pour replanter les piquets! De plus, la fermeture éclair extérieure de la tente nous lâche! Au matin, nous trouvons tous nos sacs sous une bonne couche de sable. Pour couronner le tout, il y a une crevaison sur le vélo de Denise (ah! les maudits épineux!), et en réparant, Charles brise l’essieu (fiou! on en a un de rechange!). Ah! la vie de cyclo-voyageurs n’est pas toujours de tout repos…
Le vent ne nous lâche pas de la journée et nous parvenons à San Juan, épuisés. Il faut réparer la tente, c’est donc dans un petit hôtel que nous stoppons pour mieux récupérer de nos petites misères. Nous parvenons à remplacer le chariot de la fermeture éclair sans trop de peine, puis, belle consolation ce soir-là, nous trouvons un excellent resto où nous nous offrons un délicieux souper arrosé d’un excellent vin! Comme quoi, tout ne va pas si mal que ça.
Nous partons en forme, toujours en direction de Mendoza. Cette fois, en plus de la monotonie de la route et du vent de face persistant, nous sommes confrontés à la circulation intense sur ce tronçon de la Ruta 40. Nous aurons droit à tous les comportements dangereux du conducteur argentin. Stressant comme tout. Au bout d’une première journée, nous faisons bivouac dans un bosquet d’épineux, bien calme heureusement, mais au matin, désagréable surprise: un des matelas est percé! Décidément, l’Amérique du Sud fait la vie dure à notre équipement. Autre surprise: la température a chuté à 11 degrés, si bien que c’est vêtus comme sur l’Altiplano que nous poursuivons la route, sous un ciel plombé, et toujours avec notre fidèle vent de face.
L’arrivée à Mendoza, après 99 km épuisants, se passe plutôt bien heureusement, surtout que c’est dimanche, donc les rues sont calmes à la différence des grandes routes. La ville nous parait bien agréable avec ses grandes avenues bordées d’arbres. Nous resterons donc ici au moins 3 jours, pour reposer les jambes, réparer l’équipement, profiter de bons restaurants, magasiner…
Nous passons d’abord presqu’une journée à nous informer pour prendre un bus: quel casse-tête avec les vélos! Une compagnie ne veut carrément pas les prendre et il faudrait les envoyer par « encomiendas » dans un autre bus à grands frais. Une autre exige qu’ils soient démontés et en boîte! Comment faire simple quand on peut faire compliqué! De plus, l’itinéraire se révèle très long et il faudrait passer au moins 20 heures sinon plus dans un autobus. Rien pour réjouir des amateurs de grand air comme nous…Après réflexion et analyse du trajet, nous décidons de relever le défi des milliers de kilomètres à vélo! Après tout, nous avons du temps devant nous et ce qu’on aime par dessus tout, malgré les difficultés rencontrées, c’est pédaler librement.
En route pour la région des Lacs!
À suivre…